Les types de personnalité
Antisociale
Qu’est-ce que la personnalité Antisociale?
Description courte
Le trouble de la personnalité antisociale se caractérise par un mode de fonctionnement marqué par le non-respect des règles sociales, l’absence de considération pour les droits d’autrui et la tendance à adopter des comportements impulsifs ou irresponsables qui entraînent des risques pour la personne, son entourage ou parfois même la société. Les personnes qui présentent ce trouble peuvent mentir fréquemment, manipuler les autres pour obtenir ce qu’elles veulent ou contourner la loi délibérément et de façon répétée. Elles ont souvent du mal à planifier à long terme, privilégiant une gratification immédiate des besoins dans une perspective hédoniste ou opportuniste, même si cela entraîne des conséquences négatives pour elles-mêmes ou pour leur entourage. L’absence de remords ou de culpabilité après avoir nui à quelqu’un est fréquente, et ces personnes peuvent être très habiles pour minimiser ou justifier leurs transgressions. Ces caractéristiques s’accompagnent parfois d’une irritabilité importante et de bouffées de colère pouvant mener à des comportements violents. L’ensemble de ces caractéristiques entraîne des difficultés marquées, voire un désintérêt chez certaines de ces personnes, à maintenir un emploi ou des relations stables. Bien que le trouble de la personnalité antisociale soit réputé comme étant difficile à traiter, certaines personnes parviennent, grâce à un suivi psychothérapeutique ‒ et parfois, au besoin, à des interventions sociales ou judiciaires ‒, à améliorer leurs relations et leur qualité de vie à travers une réduction des comportements impulsifs et à risque, et une meilleure tolérance à la frustration.
Par Dr Dominick Gamache, publié le 22-09-2025
A. Mode général de mépris et de transgression des droits d’autrui qui survient depuis l’âge de 15 ans, comme en témoignent au moins trois des manifestations suivantes :
incapacité de se conformer aux normes sociales qui déterminent les comportements légaux, comme l’indique la répétition de comportements passibles d’arrestation.
Tendance à tromper pour un profit personnel ou par plaisir, indiquée par des mensonges répétés, l’utilisation de pseudonymes ou des escroqueries.
Impulsivité ou incapacité de planifier à l’avance.
Irritabilité et agressivité, comme en témoigne la répétition de bagarres ou d’agressions.
Mépris inconsidéré pour sa sécurité ou celle d’autrui.
Irresponsabilité persistante, indiquée par l’incapacité répétée d’assumer un emploi stable ou d’honorer des obligations financières.
Absence de remords, indiquée par le fait d’être indifférent ou de se justifier après avoir blessé, maltraité ou volé autrui.
B. Âge au moins égal à 18 ans.
C. Manifestations d’un trouble des conduites débutant avant l’âge de 15 ans.
D. Les comportements antisociaux ne surviennent pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie ou d’un trouble bipolaire.
Références
DSM 5 TR
Lalonde
Merck
Description longue
Chaque enfant naît dans des grandes étendues de mer comportant une diversité de structure comme le quartier où on grandit, le milieu économique et les différentes composantes dont la famille, les voisins, les amis, ainsi que le climat dont le récif corallien de la personnalité va grandir, acide, basique, sécuritaire, négligeant, et traumatique. À travers ces différents éléments, ce récif riche va pouvoir sélectionner les différents constituants émotionnels, relationnels, comportementaux et cognitifs uniques de chaque individu. À l’hiver de l’enfance et au printemps de l’adolescence, le récif va préserver les coraux les plus utilisés, cultivés, importants pour vivre dans cet environnement. Au cours de l’adolescence, il arrive ponctuellement de tester les limites, d’explorer les frontières afin de se dépasser, de se découvrir, et parfois de contourner une règle pour favoriser ses propres intérêts, tel un jeune corail qui s’étend prudemment ou plus audacieusement dans le fond marin. Lorsque le récif est sain, nourri par une eau claire et protégé des agressions, le corail se déploie harmonieusement créant un écosystème riche, équilibré, adaptatif à ses besoins et ceux des autres.
En revanche, quand la toxicité prend le dessus, l’environnement devient saturé de polluants relationnels tels que la négligence, la maltraitance, l’injustice ou l’insécurité constante, des conditions de vies difficiles où le corail est soumis à ces attaques de plein fouet. Devant le choc, il peine à grandir, ses branches se déforment, déstabilisées, certaines parties qui ne pousseront jamais alors que d’autres meurent prématurément. Exposé à ce climat délétère, tous les coraux ne réagissent pas de la même manière.
Différents moyens de survie peuvent se produire allant de mimer les exemples vus et vécus, l’invisibilité, l’effacement à l’action, la réaction, la fuite, ou créer une cuirasse tel un oursin. Alors que d’autres stratégies peuvent privilégier l’agressivité ou la transgression en réponse à des comportements hostiles comme le corail de feu. Blesser quiconque ose s’en approcher. À force d’adopter l’attaque comme défense, l’attaque comme mode d’action devant les autres qui se retrouvent dépouillés de leurs valeurs la personne se retrouve encastré dans le trouble de la personnalité antisociale.
Les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité antisociale ont le même squelette de mépris et de transgression des droits d’autrui mais pas toujours la même couleur. Le récif n’est plus en mesure d’abriter la vie et le tissu relationnel se désagrège tout comme le blanchissement corallien, il se fragilise, se casse et se rompt. Pour survivre, le récif va chercher à manipuler, exploiter, tromper pour son profit personnel ou pour le plaisir immédiat sous le coup de mensonges, d’escroqueries comme des nuages de gaz nocifs qui désorientent les poissons. Ces transgressions sont dépourvues de remords, indifférent à justifier les actions menées, ayant obtenu l’amusement ou l’avantage escompté. Le raisonnement derrière chaque geste n’inclut pas le respect des normes sociales, des règles annoncées, des lois établies pouvant entraîner des arrestations. À l’extrême, le récif peut se transformer en un lieu acide, aride, où affluer des coraux de feu brûlant sur son passage ou des coraux madréporaires et banchus qui coupent, éraflent par leurs squelettes de calcaires sous le coup de l’irritabilité, la colère et l’agressivité. Les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité antisociale peuvent être mêlées à plusieurs bagarres et agressions.
La personne va concevoir un masque, élaborer une illusion, d’un champ de corail fertile, séduisant, charismatique pour aborder les autres et les mener au guet à pan. L’autre est perçu comme un instrument à ses propres fins, une ressource plutôt qu’un partenaire, un collègue, un ami, un membre de la famille. Les proches subissent un impact souvent répété et profond. À force de promesses rompues, de fabulations tordues, ils finissent épuisés par l’instabilité perpétuelle, la manipulation et la violence. Les relations intimes riment avec victime. La sécurité est remplacée par la crainte, marquée par une absence de respect des limites et même un oubli de sa propre identité. Par manque de bases, le récif manque de planification et demeure prompt à des décisions imprévisibles n’ayant pas de système bien implanté. L’impulsivité peut même mener à mettre en péril l’intégrité physique, psychologique du récif et des autres gravitant autour et piégé entre ses mailles. Cependant, la personne manque de considération pour la conservation de son propre récif comme celui des autres. D’ailleurs cela n’a peut-être même pas été pris en compte. Les personnes finissent par fuir le récif blanchi, par crainte d’y laisser trop d’écailles pour subsister et d’y périr. Au contraire d’un récif sain facilitant une vie collective, celui de la personne atteinte d’un trouble de personnalité antisociale contribue à la défiance et multiplie les points de rupture. Le récif se dédouane de toute responsabilité, perpétuellement, et entraînant l’incapacité de maintenir un emploi stable. Les collègues instrumentalisés, la confiance trahie, les engagements balayés au gré des vagues d’impulsions, les règles éconduites prolifèrent gangrénant la cohésion et le climat de confiance.
Lorsque le corail est pris à temps, transféré dans un environnement sain, collectif, sécurisant, le début du blanchiment peut se résorber et permettre au récif abimé de renaître. En se reconstruisant dans un socle plus solide, le récif n’est plus façonné par l’environnement social toxique dont il a été pourvu mais devient l’architecte de son propre récif intérieur. Pour ceux où le récif est depuis longtemps blanchi et dévasté, il est possible de réduire la propagation des comportements délétères pour lui et les autres en appliquant un cadre cohérent et responsabilisant. Reconnaître activement les conséquences de ses actes, accepter les limites de soi-même et celles des autres, apprendre à se conformer aux règles établies et maintenir ses engagements permettront de se réaligner aux différents récifs l’entourant afin de mettre en place un refuge, un écosystème, une société réparatrice et réciproque. Acceptant chacun sur sa ligne de départ sans pour autant tolérer le mépris, la violence et la menace d’instabilité.
Par Dr Katerina Sanchez-Schicharew, publié le 17-10-2025