Les types de personnalité

Schizoïde

Qu’est-ce que la personnalité Schizoïde ?

Description courte

De manière générale, l’humain est un être social. Combien de personnes souffrent d’isolement et de solitude dans notre société ? La majorité d’entre nous apprécions et avons besoin du contact avec l’autre, dans le cadre de différents types de relations, de nature familiale, amoureuse, amicale, etc. De même, la majorité d’entre nous sommes sensibles, jusqu’à un certain point, au regard de l’autre, à l’intérieur de ce besoin de contact humain. Comme c’est souvent le cas cependant, une exception confirme la règle.

Pour certaines personnes, ce n’est pas essentiel. Au contraire, elles préfèrent un mode de vie solitaire et peuvent n'avoir aucune relation significative ou presque, sans que cela ne leur manque. Dans la personnalité schizoïde, l’individu a peu d’intérêt pour développer des relations proches, pour l’intimité et pour la sexualité, non pas par timidité, mais plutôt parce qu’il en retire peu de satisfaction et de plaisir. Ainsi, il est usuellement indifférent au regard de l’autre et peut paraître froid ou détaché. L’éventail des émotions ressenties est souvent limité, de même que la capacité à éprouver du plaisir dans des activités. La souffrance dans le trouble de la personnalité schizoïde se manifeste principalement dans des contextes où la demande sociale est importante, par exemple à l’emploi. La psychothérapie, axée sur l’acquisition de compétences sociales, peut être un outil intéressant pour aider ces personnes à mieux naviguer le quotidien.

Par Dr Dominick Gamache, publié le 22-09-2025


Pour que le diagnostic de trouble de la personnalité schizoïde soit posé, la personne doit présenter un détachement permanent et un désintérêt général pour les relations sociales et exprimer un nombre limité d’émotions, comme indiqué par au moins 4 des manifestations suivantes :

  • Elle ne veut pas ou n’apprécie pas les relations proches, y compris avec les membres de sa famille.

  • Elle préfère de loin les activités solitaires.

  • Elle s’intéresse peu, voire pas du tout, aux activités sexuelles avec une autre personne.

  • Elle prend plaisir à peu d’activités, voire aucune.

  • Elle n’a pas d’amis proches ou de confidents, sauf peut-être des parents au premier degré.

  • Elle semble indifférente aux compliments ou à la critique venant des autres.

  • Elle est émotionnellement froide et détachée et n’exprime pas d’émotions en réponse à des événements ou à des interactions avec d’autres.

 

Références


Description longue

Selon Aristote, l’humain est un animal social, il a besoin d’autrui pour survivre, grandir, évoluer, et mûrir. Depuis le début de l’humanité, les personnes se sont regroupées en groupes, puis en communauté et finalement en civilisation afin de prospérer, de progresser tout en comblant les besoins émotionnels liés aux connexions entre individus. Autrui apporte le soutien, le partage d’expérience, l’attachement nécessaire à la croissance personnelle et le bien-être de chaque être. Tel une galaxie, composée de milliards de planètes qui sont plus ou moins proches l’une de l’autre, les individus ont des besoins différents. La fréquence, leurs nombres, la profondeur et leurs significations de ces connexions humaines varient d’un individu à l’autre. Les besoins personnels sont uniques comme les paramètres de chaque planète, leurs besoins en chaleur provenant des rayonnements du soleil comme Mercure qui se rapproche de ces rayons. Certains vont adopter une distance plus importante entre eux et les autres. Alors que d’autres, comme Neptune se distance du soleil tout en ayant leur propre lien étroit avec une lune gravitant autour de lui ou à Saturne qui répond à ces besoins uniques en incorporant des anneaux autour de lui afin de lui tenir compagnie.

 

Chaque planète tout comme chaque individu a son propre comportement face aux autres qui composent leur galaxie. Les relations peuvent être stables et durer des générations comme les planètes, les étoiles ou être de passage tel que des comètes. Dans cette composition, il existe de la poussière interstellaire, du gaz et par-dessus tout du vide. Par moment, certains vont prendre de la distance pour se recentrer, ralentir le rythme effréné qui peut accompagner la collectivité. Être seul permet une introspection, stimule la créativité et même la productivité. Tandis que d’autres s’épanouissent dans la solitude, ne vivant pas le sentiment d’isolement que d’autres peuvent tant redouter. La retraite d’autrui peut apporter une réflexion sur soi, un apaisement des sens et de l’âme, apporter de multiples plaisirs et un sentiment d’accomplissement. Dans une société hyperconnectée et interdépendante, les moments de solitude peuvent fournir la sérénité, du temps pour s’occuper d’activités pour soi et de s’offrir des instants de contemplation. Alors que le vide les entoure davantage, élargissant la distance et même empêchant, parfois, la proximité, des personnes vont aller plus loin en limitant les contacts au minimum en choisissant certaines personnes tout en consolidant et fleurissant leurs mondes intérieurs et leurs réalisations personnelles.  Ainsi dans une galaxie aussi vaste, chacun peut se réaliser allant de l’étoile éloignée de tous aux étoiles filantes qui veulent pouvoir voir tout le monde à ceux proches de l’épicentre solaire. 

 

Finalement, rarement, certains vont même se désaxer de leur emplacement pour s’éloigner dans ce cosmos jusqu’à se perdre dans le vide intersidéral du trouble de personnalité schizoïde. Ces personnes n’ont pas d’intérêt envers les relations sociales incluant les membres de leurs familles. Tel un astéroïde dans l’espace lointain, ces individus évoluent dans l’univers sans attache, loin de la gravité des autres objets, et si possible sans collision. Advenant une rencontre, la personne demeure distante, instaurant un espace autour d’elle. Les événements se déroulent sous ses yeux, les péripéties vécues ne soulèvent aucune émotion, un détachement avec ces sentiments tout comme avec les autres. Un creux tel un cratère semble exister dans cet espace dédié aux émotions. Leurs répliques face à la vie se déployant autour d’eux sont limitées voire absentes. Les personnes demeurent imperturbables même quand les choses les concernent directement comme un éloge ou une critique. La réponse est passive, au mieux impassible. Même l’univers sexuel demeure personnel, sans souhait de partager celle-ci par manque d’intérêt. Leur monde intérieur, sous ces couches de carbone, reste inconnu sauf parfois pour les membres de la famille du premier degré, comme les parents, qui ont accès réduit à ces matériaux l’ayant vu naître et grandir tout en l’ayant vu se détacher et dévier de l’ordre astronomique. 

Les personnes atteintes d’un trouble de personnalité schizoïde dérive vers des espaces de vide, mieux seul. N’ayant accès qu’à une tranche de l’arc en ciel d’émotions, leur monde est filtré en des atmosphères neutres que ce soit en expériences sensorielles comme corporelles. Ces baromètres réduits leur évitent de vivre de gouffres de sensations inconfortables, des abîmes de douleur, les torrents de larmes face à la perte, au deuil, mais également des vagues déferlantes de plaisirs, les myriades de sensations devant des pluies d’étoiles filantes, l’émerveillement des aurores boréales. Le plaisir est peu éprouvé voire jamais même face à des activités les intéressant, souvent choisies pour leurs caractéristiques de pouvoir les faire seuls.  Leurs expressions faciales, le langage non verbal sont tout aussi restreints. Le ton de voix est monotone, la posture succincte, comme si une partie de leur être avait été anesthésié. Au sein du milieu professionnel, ces personnes vont diriger leurs aspirations vers des emplois en solitaire, ne nécessitant peu voire aucune interactions sociales. 

Ce voyage interastral de la vie se fait en solitaire. La souffrance est limitée étant souvent dépourvue de cette intensité émotionnelle tout comme l’accessibilité au sentiment de bonheur. Néanmoins dans un monde si interconnecté, l’attachement d’autrui nous permet d’aller plus loin en termes d’années-lumière, mais également le voyage en est plus simple et allégé.

Par Dr Katerina Sanchez-Schicharew, publié le 17-10-2025