Les types de personnalité
Évitante
Qu’est-ce que la personnalité Évitante?
Description courte
La majorité d’entre nous apprécions recevoir l’approbation et la validation de nos pairs. Cela est tout à fait normal. Toutefois, un équilibre est nécessaire ; nul ne peut faire l’unanimité. Dans la personnalité évitante, on retrouve un sentiment d’être inadéquat et, donc, l’approbation devient un besoin central, au point où l’individu s’inhibe. Jouer pour ne pas perdre, plutôt que jouer pour gagner. En d’autres termes, la personne préfère souvent ne pas prendre le risque de s’exposer à la critique négative, même si cela implique de s’abstenir de faire quelque chose dont elle aurait pourtant envie. Concrètement, la personne peut décliner une promotion, par peur de ne pas être à la hauteur de ses nouvelles responsabilités et ainsi d’être critiquée, ou encore avoir de la difficulté à entrer en relation avec de nouvelles personnes, puisque jusqu’à preuve du contraire, l’autre est nécessairement désapprobateur. Socialement, il s’agit donc de personnes qui paraissent inhibées et discrètes, voire effacées, puisque l’attention pourrait être dégradante. La psychothérapie peut aider ces personnes à regagner un meilleur équilibre à l’intérieur duquel elles sont à même de s’épanouir.
Par Dr Maxime Bérubé, publié le 22-09-2025
Mode général d'inhibition sociale, de sentiments de ne pas être à la hauteur et d'hypersensibilité au jugement négatif d'autrui qui apparaît au début de l'âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins 4 des manifestations suivantes :
Le sujet évite les activités sociales professionnelles qui impliquent des contacts importants avec autrui par crainte de critiqué, désapprouvé ou rejeté.
Réticence à s'impliquer avec autrui à moins d'être certain d'être aimé.
Est réservé dans les relations intimes par crainte d'être exposé à la honte et au ridicule.
Craint d’être critiqué ou rejeté dans des situations sociales.
Est inhibé dans les situations interpersonnelles nouvelles à cause d'un sentiment de ne pas être à la hauteur.
Se perçoit comme socialement incompétent, sans attrait ou inférieur aux autres.
Est particulièrement réticent à prendre des risques personnels ou à s'engager dans les nouvelles activités par crainte d'éprouver de l'embarras.
Références :
DSM 5 TR
Lalonde
Understanding avoidant personality disorder, by Dr Tracey Marks https://www.youtube.com/watch?v=0mHm1seHKkE
7 signs of avoidant personality disorder, by MedCircle, https://www.youtube.com/watch?v=_j0Ut9eDesI
https://stresshumain.ca/le-stress/comprendre-son-stress/source-du-stress/
Description longue
Dès le commencement de la vie, tout le monde est couvé dans un écrin de soie, prémuni de tous les dangers, de tous les regards, et de tous les jugements. Puis la majorité grandiront au sein d’un cocon familial douillet et rassurant, leur permettant de se construire, de grandir et d’évoluer. Les fondations de la confiance en soi se bâtissent afin d’affronter le dehors et les autres. Celle-ci développe des ailes fortes pour permettre à la personne de s’envoler vers l’horizon. Plus la confiance en soi est solide, plus cette parcelle de nous permet de surpasser les défis ayant la conviction de ses propres capacités et de sa valeur pour y parvenir. Quand les ailes ont été travaillées, sont assez solides, la personne est en mesure de continuer de voler quel que soit les dérèglements climatiques, les duels, les déconfitures, et les culbutes aériennes. Les plongeons vers l’inconnu, les poussées d’adrénaline ne sont pas appréhendées. L’envol est programmé avec des étapes, des transitions et des retours au bercail. L'entraînement expose les personnes à une myriade d’univers, une cascade d’expérience, une pléiade d'aventures dignes de l’Odyssée, une quête de soi. Cela met face à face les apprentissages, les croyances apprises durant les premières années de vie à celles du reste du monde afin d’élaborer son nouveau système de valeurs, de convictions, favorisant l’affranchissement de soi. Cette libération présente la personne au regard de l’autre, à la lumière et la noirceur.
Une introversion, une timidité peut éclore chez quelqu’un devant l’exhibition de soi et même lui faire ressentir du stress, surtout lors des situations avec de la nouveauté, quand on perd le contrôle, que quelque chose d’inattendu survient, ou quand l’ego est menacé. Les personnes peuvent avoir envie de moins se montrer ou agir avec prudence pour ne pas trop perdre des plumes au tournant. Dans un esprit de préservation, la personne consciemment ou inconsciemment souhaite protéger son duvet de toutes les intempéries, parfois au risque de se nuire créant ainsi une première plume d’acier. Métal souple, malléable, résistant, la personne s’arme pour les grandes envolées. En se fortifiant de ce nouveau bouclier, la personne croule sous le poids du métal, les mouvements sont moins fluides, la distance parcourue plus restreinte. Le plumage d’acier prend de l’ampleur plus le sentiment de ne pas être suffisant, suffisamment adéquat, suffisamment suffisant grandit. Au point où le panache est complètement remplacé par un bastion brillant mais à quel point pesant. Dans l'empressement, il est même possible que la personne arrache les dernières plumes dans l’angoisse qu’on découvre la difformité perçue, achevant d’immobiliser la personne dans la cage du trouble de la personnalité évitante.
Les personnes atteintes d’un trouble de personnalité évitante craignent que le monde extérieur débusque leur incompétence, leur fragilité, leur infirmité de leurs ailes et de leurs êtres car elles sont, elles-aussi, persuadées de ce fait. Ainsi les relations sociales durables, épanouissantes deviennent des rêves inatteignables qui s’éloignent en se dispersant dans le zénith des lendemains.
Elles nécessitent des certitudes doublement d’assurance, si possible par écrit avant d’entamer un contact. L’autre doit déployer une assistance et une acceptation sans jugement, sans critique. Ces conditions les mettent à risque d’être facilement manipulées par autrui, qui vont utiliser ces paramètres pour obtenir d’elles quelque chose. En projetant leurs insécurités, le sentiment d’inadéquation, les personnes atteintes d’un trouble de personnalité évitante vont réclamer avant toute envolée, un décollage soutenu, un parcours sans embûche, pisté, prévisible sous un ciel sans ambigüité et une piste d’atterrissage contrôlée, asphaltée avec une tour de contrôle qui effectue la majorité des étapes pour les être inférieurs qu’elles se considèrent. Les relations amoureuses, intimes ne sont pas des lieux de confiance, de légèreté, d’espace protégé pour laisser place à une vulnérabilité qu’elles considèrent menaçante, une honteuse révélation de soi, de cet être déplumé. Devant le risque de perdre cet être si choyé, s’afficher devient un danger trop important mais paradoxalement qui empêche l’instauration d’une relation durable, un vol à deux. L’attachement de ces personnes demeurent insécures, elles peuvent répondre par passivité, colère devant les préoccupations internes. Les personnes vont même ressentir de la méfiance quant à se confier aux autres parce qu’elles craignent d’être humilié et ne pas être à la hauteur. À l’opposé, ne pas revenir sur leurs décisions de crainte de contrarier.
Au moment de la discussion, moment de suspension, la personne va éprouver toutes les difficultés du monde à s’ouvrir à l’autre, parler de soi devient un moment de péril, de possible ridicule. Donner son opinion devient difficile quand celle-ci est si polarisée. Par exemple, nommer avoir mangé une boîte de biscuits revient à exposer une perte de contrôle ou encore afficher qu’on se permet ces folies comparativement à tant d’autres qui doivent se restreindre pour leurs formes physiques ou leur situation financière. Cette décision pourrait découler à un jugement au fait qu’on n’achète pas local ni auprès d’une compagnie éthique. C’est brandir aux yeux de tous qu’on a adopté un mode de vie sédentaire avec des habitudes de vie déplorables malgré les connaissances sur les risques pour la santé, quand dira-t-on de la saveur des biscuits et les goûts douteux. Devant cette allégation des biscuits dévorés, la personne sera cataloguée comme une personne déplorable, aux valeurs désastreuses, une vision du corps pervertie et une empreinte écologique et sociale lamentables.
À force de grandir, leur monde ne diversifie pas ou plutôt il demeure le même. Le confinement apporte un réconfort. Malgré les images d’en dehors, la caverne demeure la seule destination possible pour la perception/le ressenti qu’elles ont d’eux même. Comme des champs de force qui s’opposent, ces personnes veulent appartenir à un groupe et idéalement faire partie de la nuée. Le rêve d’une volée se fracasse contre le sentiment profond, tenance de ne pas avoir la même valeur que les autres et que les interactions auprès d’autrui les fassent découvrir ce terrible pot rose.
Les dangers perçus socialement se transposent au sein de la profession. Cela peut causer des graves problèmes d’intégration au milieu de travail et même mettre en péril leur stabilité d’emploi étant donné leur absence aux activités sociales professionnels proposées comme obligatoires tel que les réunions. Elles peuvent refuser les promotions pour esquiver les possibles probables critiques, les nouveautés dangereuses au réconfort de la routine confinée certes mais sécuritaire. À force de communication, d’échanges sociaux, cette répétition entraîne la croyance ferme que tous, sans exception, les considèrent socialement sans attrait, insuffisant pouvant aller jusqu’à démissionner devant la détresse intolérable et l’anxiété suffocante.
Leur monde émotionnel est sur le qui-vive à chaque instant social, traquant avec des verres grossissants, des longues vues, la moindre parcelle de critique, de moquerie, jugement négatif sur leur prestation aérienne, leurs choix de mots, leurs décisions vestimentaires, identitaire. Cette exagération des indices subtiles, des signes métaphoriques, des manifestations existantes et des symboles décuplés tournent à la distorsion des intentions et des situations. Leurs prédictions s'auto réalisent par l’attitude qu’elles vont adopter devant ce chaos interne, les boussoles et leur radar sens dessus dessous, perdant le Nord et la confiance en ses détecteurs. Cette désorientation achève la lancée sociale, se soldant à recourir à des comportements tendus, anxieux, un corps infidèle qui transpire et rougit suscitant la moquerie et les taquineries. Devant des baromètres tordus qui clignotent, sifflent, la fuite devient la meilleure des solutions, esquiver, se déloger de cette insoutenable tension procure un soulagement temporaire devant le vide et la déception, l’amer goût de la solitude.
Alors elles limitent leurs déploiements, leur ascension, leur ouverture sur le monde et les autres, par crainte du rejet, de la désapprobation, de la confirmation de leurs incompétences. Elles vont user souvent de stratagèmes pour justifier le comportement, être occupée, avoir oublié, créer des justifications pour les absences, bredouillant les contes de milles et une excuses en une nuit. Ou alors adopter la technique du papier peint, se fondre dans le décor, exister proche sans être inclus, mais mourir d’envie d’y être vraiment. Advenant qu’on leur porte attention, la timidité, la crainte de la critique et le rejet prennent toute la place et ne laissent pas d’autres hypothèses apparaître. Elles craignent de prendre des risques dans les lieux publics, entourés de proches ou même des personnes intimes. Un karaoké, un discours dans un repas de famille deviennent le théâtre de l’embarras pour lui et surtout pour les autres.
Ces personnes se sentent isolées sur leurs parcelles à regarder l’immensité du ciel,qu’elles ne partagent avec personne, sans réseau pour les soutenir. Alors que le tabac prend des années de vie à la fin de celle-ci, ici la peur viscérale fait manquer du temps maintenant, des occasions aujourd’hui de faire des rencontres, de prendre un risque pour un dénouement différent. Finalement devant cet écroulement, les personnes atteintes d’un trouble de personnalité évitante s’empêchent de voler auprès des autres, regardent ces individus avec envie, envie d’être auprès d’eux, envie d’être avec eux, envie d’être eux en train de voltiger loin de leur cage solitaire. Inévitablement on a besoin des autres pour apprendre à se connaître. C’est à travers et dans l’autre qu’on se découvre, et qu’on s’affine.
Par Dr Katerina Sanchez-Schicharew, publié le 17-10-2025