Les types de personnalité
Obsessionnelle Compulsive
Qu’est-ce que la personnalité Obsessionnelle Compulsive?
Description courte
Le perfectionnisme est une caractéristique centrale dans le spectre de la personnalité obsessionnelle compulsive. Avoir de hautes attentes envers soi-même et vouloir bien faire les choses peuvent être utiles pour atteindre des objectifs personnels, tant que l’on est dans la juste mesure et que l’on demeure flexible. Lorsqu’il est question d’un trouble de la personnalité obsessionnelle compulsive, cette flexibilité se perd.
Les individus poussent à l’extrême certaines valeurs socialement valorisées et enseignées telles que l’ordre, la maîtrise de soi, le respect et l’application de principes moraux. Ces standards, parfois inatteignables, s’immiscent dans l’ensemble des sphères de la vie, telles que les relations interpersonnelles, les études ou l’emploi, les loisirs, ou même les vacances. L’attention aux détails peut devenir telle qu’elle empêche l’achèvement d’une tâche ou cause des frictions dans une équipe de travail ; la rigidité s'installe également dans les pensées, alors qu’il devient difficile d’accueillir des points de vue différents ou de faire un compromis. Il peut ainsi devenir difficile de déléguer. Pour atteindre la perfection idéalisée, la personne peut inhiber plusieurs parties d’elle-même, incluant ses émotions. Les individus vivant avec un trouble de la personnalité obsessionnelle compulsive peuvent apprendre à développer davantage de flexibilité, sans pour autant délaisser leurs valeurs, dans le but de regagner un sain équilibre.
Par Dr Maxime Bérubé, publié le 22-09-2025
On a un mode de général de fonctionnement lié à des préoccupations vis-à-vis de l'ordre le perfectionnement et le contrôle mental et interpersonnel aux dépens d'une souplesse, une ouverture et de l'efficacité. Il est nécessaire d’avoir au moins 4/8 manifestations suivantes en plus du critère A des troubles de personnalité :
Elle est préoccupée par les détails, les règles, les horaires, l’organisation, et les listes.
Son perfectionnisme l’empêche de finir les tâches.
Sa dévotion excessive pour le travail et la productivité (sans nécessité financière) entraîne l’exclusion des loisirs et des amitiés.
La personne est trop consciencieuse, scrupuleuse et rigide sur des questions de morale, d’éthique et de valeur.
Elle refuse de jeter des objets usagés ou sans valeur, même ceux qui n’ont aucune valeur sentimentale.
Elle fait preuve de réticence quand il s’agit de déléguer ou de travailler avec d’autres personnes, à moins que les autres personnes acceptent de faire exactement ce qu’elle veut.
Elle est peu disposée à dépenser de l’argent pour elle-même et les autres, parce qu’elle pense que l’argent doit être épargné pour les futures catastrophes.
Elle est rigide et têtue.
Références :
Lalonde
DMS 5 TR
Le Manuel Merck
Podcast Dr David Puder, Psychiatry & Psychotherapy, TPOC
Description longue
Dès les premières années, on fait découvrir aux enfants les différents patrons de la vie et comment fabriquer le leur.
Armés de patience, de fil en aiguille on leur enseigne avec soin à faire des nœuds nets, réguliers, précis, qui vont ponctuer le tissu, venant clore une étape avant d’entamer la suivante. Comme dans la vie, on tisse nos journées, on fait nos nœuds sécurisant nos choix et les moments marquants pour mieux aller de l’avant sans tout délier. Ces balises offrent l’opportunité de prendre une pause à son ouvrage pour profiter du moment présent, déguster cette étape complétée, contempler notre progression et vérifier si la trajectoire de l’œuvre reste sur le fil conducteur souhaité. À l’occasion, il est nécessaire de refaire, de recommencer, de changer de technique, d’acquérir de nouveaux matériaux ou outils afin de réaliser les nouvelles étapes. Il arrive qu’on se rende compte de l’erreur plus tard et qu’au lieu de tout recommencer, on corrige partiellement, on patch ou on laisse tant que le reste de l’ouvrage tient. « Bien faire les choses », c’est acquérir la capacité de vérifier, de faire attention aux détails, d’aligner et de respecter les étapes, afin d’obtenir l’œuvre souhaitée. Il est encouragé, même favorisé, de respecter les conventions tout en s’assurant de personnaliser son propre ouvrage. Ainsi, le tissu social en est renforcé et embelli par la mosaïque de couleurs, de formes, tout en conservant sa solidité grâce aux travaux appliqués et aux nœuds bien ficelés.
Chez certaines personnes, l’inclinaison au détail est plus prononcée, allant à aligner leur matériel, plier et déplier leur tissu, le tendre selon un certain ordre jusqu’à obtenir l’angle souhaité. Cette rigueur se poursuivit dans les attentes, la démarche à chaque étape de l’ouvrage. Le travail en est plus rigoureux et plus exigeant, allant à vérifier et revérifier chaque couture. En réponse à cette discipline, les points en sont plus serrés, mais également harmonieux, permettant un travail de précision. La discipline nécessaire à l’inspection des ourlets exige du temps, de l’énergie profitable dans certains moments des projets. À force de vérification, de précision, les personnes peuvent s’entremêler dans les nœuds du trouble de la personnalité obsessionnelle compulsive.
Les fils se tendent et l’inquiétude écarte le plaisir ancien du travail bien accompli. Chaque couture est retracée, inspectée et pesée à la traque d’un brin qui dépasse, d’un angle trop obtus ou aigu, réclamant une vigilance absolue. Les patrons se rigidifient et se complexifient en termes d’organisation, de règles, de listes, de tissus et d’épingles. La marche à suivre doit être suivie au millimètre près. Tel un point trop serré, le perfectionnisme étouffe le tissu, clouant l’ouvrage à chaque stade, du palier de la phase L’atout devient le préjudice, soumis à un contrôle mental implacable, chaque maille devient un point de contrôle qui parfois ne connaît jamais de suite aux autres coutures. Afin de préserver le contrôle, la personne va tenter vainement de refermer les soulèvements, les débordements émotionnels à coup de coutures, les personnes se retrouvent ainsi séparées de leurs émotions. Dans le milieu professionnel tout comme le reste de la vie, ces personnes cousent leurs projets avec minutie. Ayant le patron et l’ouvrage parfait en tête, les principes et les attentes élevés, il devient difficile de déléguer lorsque chaque étape réclame une attention constante qui ne peut être accomplie que par son créateur. Or, dans la mode comme dans la vie, il faut plusieurs pour confectionner un ensemble. Un deux pièces, un trois pièces, sont des travaux collectifs pouvant se retrouver paralysés devant l’étouffant perfectionnisme de la personne atteinte d’un trouble de personnalité obsessionnelle compulsive. Ses collègues se retrouvent devant l’insurmontable tâche de démontrer qu’ils vont procéder à toutes les étapes tel que voulu par la personne, afin d’accéder à la participation au projet. Face aux critiques et aux commentaires, la personne adopte une attitude têtue et rigide, limitant les possibilités de collaboration. Tout réajustement se retrouve heurté à une obstination intraitable.
À force de tirer sur les fils, les mailles peuvent s’écorcher au point de se déchirer. Devant la fracture, la personne va tenter de raccommoder, réparer, sans toutefois y parvenir, elle va décider de préserver cette relique d’un projet, les mémoires d’une idée, les équipements insignifiants, les fins de tissus, les boutons écaillés, les objets sans valeur. Chez la personne atteinte d’un trouble de personnalité obsessionnelle compulsive, le présent n’est jamais profité, et l’avenir n’est jamais serein, peuplé de risques et de menaces possibles. Un atelier carbonisé, un ouvrage gâché, une aiguille cassée, une épingle désarticulée. Maintenant l’esprit en alerte au moindre désastre, dépenser pour elle-même ou pour les autres paraît quasiment grotesque, une erreur financière impardonnable. Chaque décision est ainsi guidée par l’anticipation du pire, et telle que la fourmi de la fable, chaque pièce doit être mise de côté pour les catastrophes à venir.
Ajouté à ces principes économes, l’humain est guidé par des principes moraux, des valeurs, des construits sociaux comportant des normes, des lois écrites et non écrites qui vont composer chacune d’elle un lieu de contrôle tel un point après chaque maille, afin de sécuriser et de s’assurer de la ligne de conduite. Chez la personne atteinte d’un trouble de personnalité obsessionnelle compulsive ces points de contrôles sont multipliés, renforcés, jusqu’à bâtir un corset trop serré. Prisonnière de ces nœuds de contrôle, la personne se voit empêchée d’imaginer une relecture possible de règles. Les exceptions ne font pas partie de la règle. Les émotions sont contraintes de rentrer, parfaitement, dans les ourlets et de ne jamais en ressortir, tout comme la flexibilité et la spontanéité. Privant les personnes du bourdonnement de plaisir devant le travail accompli, des larmes de bonheur et des palpitations de montrer son œuvre.
Alors que la broderie est faite pour être collective, afin d’unir et d’embellir, l’inflexibilité du patron impose une redéfinition des attentes en y incorporant de nouvelles exigences. Les marges de manœuvre dédiées à la spontanéité se retrouvent réduites à coups de corrections et de reprises. L’entourage se voit contraint de modifier leurs coutures, leurs manières de coudre, leurs objectifs, afin de satisfaire aux hautes attentes de leurs proches. Au sein du couple, l’amour se voit enchaîné et parfois caché sous ces multiples exigences et coutures invisibles. Fatigués de se plier, les proches peuvent parfois abandonner l’ouvrage commun, perdant espoir d’un jour rentrer parfaitement dans le corset. Tandis que les relations s’effilochent et se décousent, le regard n’est porté que sur le travail, sacrifiant les fils de la vie dédiés aux loisirs, aux relations amicales, au profit du travail. Cette dévotion excessive est inarrêtable malgré les pertes constatées, en particulier la trame des relations interpersonnelles qui s’étiole.
En s’acharnant, aiguille en main, la personne atteinte d’un trouble de la personnalité obsessionnelle compulsive se retrouve constamment à risque de déchirer le tissu de sa vie en n’atteignant jamais le patron idéalisé et tant désiré. En acceptant les différentes coutures de la vie, les variations, les erreurs de parcours, les relâchements du tissu, la personne pourra accéder à l’ouvrage tant sollicité, un tissu riche et coloré alliant une flexibilité souple à des points équilibrés et durables imparfait mais tenace et plaisant.
Par Dr Katerina Sanchez-Schicharew, publié le 17-10-2025