Les types de personnalité
Schizotypique
Qu’est-ce que la personnalité Schizotypique?
Description courte
Le trouble de la personnalité schizotypique se manifeste par un mode de pensée et de comportement singulier, souvent perçu comme étrange ou excentrique par l’entourage. Les personnes qui présentent ce trouble entretiennent parfois des croyances inhabituelles ou des idées proches de la pensée magique, comme la conviction d’avoir des pouvoirs particuliers ou de recevoir des messages cachés. Lorsqu’elles sont soumises à un stress important, certaines de ces personnes peuvent traverser des épisodes proches de la dissociation ou rapporter des perceptions inhabituelles, sans toutefois développer de véritable psychose. Sur le plan interpersonnel, elles se sentent souvent mal à l’aise en société, voire méfiantes, et préfèrent rester en marge des relations. Elles entretiennent ainsi peu de relations proches, car leur anxiété sociale et leur manière atypique d’interagir rendent le contact difficile. Leur apparence ou leur style vestimentaire peut aussi accentuer leur singularité. Bien que les personnes qui les côtoient peuvent apprécier leur originalité et leur créativité, elles peuvent aussi se sentir perplexes devant leur présentation inhabituelle, leur pensée difficile à suivre et leur comportement déstabilisant, entraînant souvent une incompréhension et une marginalisation. Avec un accompagnement thérapeutique adapté, les personnes présentant une personnalité schizotypique peuvent tout de même apprendre à réduire leur anxiété sociale, à mieux communiquer leurs idées et à développer des relations plus stables et enrichissantes; cet accompagnement peut également les aider à mieux différencier leurs perceptions inhabituelles de la réalité partagée, tout en respectant leur singularité.
Par Dr Dominick Gamache, publié le 22-09-2025
Mode général de déficit social et interpersonnel marqué par une jeune aiguë et des compétences réduites dans les relations proches, par des distorsions cognitives et perceptuelles, et par des conduites excentriques. Le trouble apparaît au début de l'âge adulte et est présent dans des contextes divers comme en témoignent au moins 5 des manifestations suivantes :
Idée de référence à l'exception des délirantes de référence
Croyances bizarres ou pensées magiques qui influencent le comportement et qui ne sont pas en rapport avec les normes d'un sous-groupe culturel.
Perception inhabituelle, notamment illusions corporelles.
Pensée et langage bizarre par exemple vague circonstanciée métaphorique alambiqué ou stéréotypée.
Idéation méfiante ou persécutoire.
Inadéquation aux pauvretés des affects
Comportement ou aspect bizarre excentrique ou singulier
Absence ami proche ou de confident en dehors des parents du premier degré
Anxiété excessive en situation sociale qui ne diminue pas quand le sujet se familiarise avec la situation et qui associé à des craintes persécutées plutôt qu'un jugement négatif de soi-même
Références :
DSM 5 TR
Lalonde
Schizotypal Personality Disorder | STPD Signs, https://www.youtube.com/watch?v=YV7g9Cwzzu0
Treatment options with schizotypical personality disorder https://www.youtube.com/watch?v=ud4_NGVTtdU
Description longue
L’existence est faite d’un prisme au mille et un angle, un polygone de réalités selon l’être, la perception de l'enchaînement des événements. La vérité se retrouve un peu partout au travers de cette infinité d’angles. L’ensemble des sens soient le toucher, la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, la proprioception rappelant où se situent toutes les parties du corps, l’équilibrioception qui permet de garder l’équilibre, la sensation de douleur et de la température offrent à l’esprit le maximum d’informations pour graviter dans le monde qui entoure chacun des êtres. Parfois ces sens jouent des tours, sont eux-mêmes entourloupés par des perceptions erronées, tel que l’illusion qui interprète une forme pour ce qu’elle n’est pas. Rentrer dans une pièce avec une luminosité réduite et croire apercevoir une forme humanoïde sur une chaise mais qui s’avère être une pile de vêtements non rangés. À l’occasion, c’est le cerveau qui, face à ces informations, fait des liens erronés, des déjà-vus de situations nouvelles. Cependant, l’humain se rattrape toujours, est en mesure de remettre en question les croyances, les perceptions, les associations construites en intégrant les nouveaux renseignements.
Quel que soit l’âge, le milieu de vie, le genre, certaines convictions demeurent crues ou pas complètement écartées. Le doute persiste, le rêve se mélange. On rêve, on se berce dans l’imaginaire, on vit peuplés de folklore, de légendes, et de foi diverses. Par moment ces pensées sont partagées par plusieurs, un groupe, une communauté. Elles ne sont pas individuelles, demeurent dans cet espace entre la croyance et la réalité sans complètement faire basculer la personne dans le monde onirique du rêve. Tel un funambule, les personnes cheminent entre ces différents mondes, réalités, vérités sans perdre le cap, le contact avec le monde matériel, le tangible.
Certains chavirent, s’évadent dans ces rêveries, cet univers, ce cosmos idyllique les éloignant du rêve lucide, des contrées enchantées, des bords du réel pour s’enfoncer dans les limbes du cauchemar du trouble de personnalité schizotypique. Les personnes atteintes d’un trouble de personnalité schizotypique ont leurs sens tordus, flouter dans cette brume de rêve onirique pouvant les aveugler ou même leur faire ressentir des sensations hors du commun comme sentir et ressentir l’énergie des gens sans pour autant leur donner une identité ou vivre des hallucinations. Elles possèdent un contact avec la réalité toujours présente mais moins fort, moins concrète, occasionnant des perceptions inhabituelles qui ne se déconstruisent pas aussi rapidement et facilement. Elles gravitent dans ce monde avec des boussoles déréglées, une vision de celui-ci sous forme de chimère, mélangeant réalité et fiction au point où elles peuvent avoir l’impression que certains éléments de leur environnement contiennent des messages dont elles sont les uniques destinataires. Ces rêvasseurs vont doter ces transmissions d’une signification personnelle et unique concrétisant des idées déformées propre à elles-seules et destinés à elles-seules. Malgré tout, ces personnes ne présentent pas une complète perte de contact avec la réalité, les mettant à la limite de la psychose. La psychose est une perte de contact avec la réalité qui entraîne une croyance individuelle, irréelle et inébranlable malgré les preuves contraires apportées à leur connaissance. Les personnes atteintes d’un trouble de personnalité schizotypique sont en mesure de garder contact avec la réalité même si elles ont un risque de plonger définitivement dans cette profondeur.
Les relations interpersonnelles sont ponctuées de ces incompréhensions, ces mythes, constatant qu’elles ne font pas partie du même monde que les autres. Les personnes atteintes d’un trouble de personnalité schizotypique sont prises d’une anxiété disproportionnée en contexte social qui ne se soulage pas en passant du temps dans une situation auprès d’inconnus ni même de proches. Cette angoisse amène à une absence de cercle social, de confidents en dehors des membres de la famille immédiate. Cette anxiété provient d’une interprétation fausse que les autres, ces êtres terrifiants, pourraient les persécuter, leur nuire alors que parfois elles auraient aimé avoir des liens sociaux plus satisfaisants. Ces pensées sont happées par la vision atroce de l’oppression des monstres. En plus de vivre dans la hantise de l’attaque, les personnes ne parviennent pas à déchiffrer les signaux sociaux, le langage non verbal provoquant l’adoption d’un comportement excentrique voire inapproprié. En ignorant les conventions sociales, et même les conventions sociétales, elles vont adhérer à un système de valeurs déraisonnable, de représentation du monde en décalage avec tous les autres qui l’entourent.
Leur fonctionnement est atypique, en marge d’autrui, un système de pensée s’inspirant des songes, des fantasmes évadés, des leurres et des mirages qui influencent leur comportement lunatique. Elles développent un mode de réflexion qui emprunte des concepts d’ailleurs comme la pensée magique. Celle-ci consistant à être persuadé que les pensées, désirs, actions peuvent avoir un pouvoir sur le monde extérieur malgré l’absence de lien de causalité ou de logique avec les événements de la vie. Ainsi la superstition, le mystique sont utilisés pour changer le cours des choses, que ce soit pour obtenir des résultats, résoudre des problèmes ou même éviter des situations difficiles. Ces rêveurs ont toujours la conviction d’être doté d’un pouvoir dépassant l’univers réel allant de la prémonition, au contrôle des faits. Pour se faire ces personnes vont effectuer des rites, rituels rocambolesques, pour contrôler le monde parfois si loin d’eux. Ces pratiques inhabituelles, étranges les décalent un peu plus des autres, même ceux qui pourraient avoir des croyances partagées, les isolant encore un peu plus dans leur rêve éveillé.
Lorsqu’elles transposent ces pensées abracadabrantes en un discours vague, le choix des mots est saugrenu ou carrément inadapté pour le contexte. L’usage des images, des métaphores, des conjonctures finissent par embrouiller davantage l’interlocuteur. Les phrases contournées, distordues demeurent souvent vides de sens et difficiles à suivre malgré les paroles, les descriptions et les myriades de détails sans pour autant perdre leur cohérence. Le discours adopte deux choix extrêmes, soit une abstraction singulière ou une concrétude déroutante. Ainsi l’allocution parle autour du point sans jamais adresser celui-ci.
En étant toujours dans le cauchemar, la personne adopte un comportement, une démarche et même un choix vestimentaire, qui peuvent sembler tout droit sortis d’un rêve menant à un certain décalage auprès de ses semblables. Encore endormies, les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité schizotypique, avancent, franchissant sans cesse la frontière brumeuse du songe et de l’éveil. Leurs comportements qu’il s’agisse de la démarche, aux attitudes, au choix vestimentaire prennent des allures déroutantes, flottant entre le négligé et l’étrangeté aux yeux réveillés de ceux ancrés dans la réalité.
Leur cosmos émotionnel est égaré dans ces confins, parfois même détaché provoquant une réduction de leur expression émotionnelle et de ses manifestations qu’elles vont déployer, exprimées aux autres. À l’occasion, leurs émotions peuvent même s’altérer, se dénaturer et présenter des expressions émotionnelles inappropriées comme rire après avoir émis une accusation de suspicion devant un comportement mal interprété. Cette incapacité à maîtriser l’ensemble des émotions, couplée à la difficulté de comprendre les signaux sociaux rendent les relations sociales limitées et ces personnes paraissent mésadaptées, gauches ou bizarres.
Ainsi le funambule se déséquilibre, se transformant en un somnambule, marchant dans le monde sans vraiment l’incarner. Demeurant toujours d’un côté plus que l’autre, s’empêchant de se conformer au monde des autres, qui pourrait avoir été un jour le leur. La bascule vers le monde d’enchantement désenchantés, d’illusions divagués, d’hantise des moulins à vent devenu des monstres cauchemardesques mené le rêveur, l’endormi réveillé à se distancer de cette façon de la conformité vitale pour maintenir les liens avec ses semblables et le réel.
Par Dr Katerina Sanchez-Schicharew, publié le 17-10-2025